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La petite maison dans la grande ville
5 avril 2013

Imagine...

Imagine... c'est une grande maison, disons un immeuble. Au rez-de-chaussée, il y a une grande entrée avec les boîtes au lettre près de la cage d'escalier, un ou deux salons, avec une bibliothèque, des gros fauteuils avachis, des rideaux assortis, des tapis défraichis. Dans un des salons, deux petites vieilles tricotent en racontant des ragots sur la petite nouvelle qui a pris le logement du troisième, une jeune fille étudiante en beaux-arts aide un gamin sur un devoir à une table près de la bibliothèque, deux gars prennent un verre en discutant des projets à venir. Toujours au rez-de-chaussée, il y a une grande cuisine, équipée tout en inox, avec de grands frigos et des placards jusqu'au plafond. Il y a à manger pour un régiment, ou au moins pour tout l'immeuble. Des marmites chuintent, ça sent le pot-au-feu et la tarte aux pommes. Par la fenêtre on voit un carré de verdure soigneusement entretenu, quelques massifs de fleurs qui verdissent au printemps, un potager biné tous les jours, une balançoire et des ballons qui trainent sur la pelouse. Dans le fond, près de la cabane à outils, un poulailler jouxte un gros tas de compost.


Dans les étages, les appartements sont attribués en fonction de la taille du foyer. Il y a quelques familles, mais aussi des parents seuls, il y a des étudiants, des jeunes travailleurs en recherche d'emploi, des retraités, des chômeurs en fin de droit, un gars qui la semaine dernière encore était sdf. Ils ont signé une charte morale avant de s'installer dans l'immeuble.

Cette charte leur demande de mettre à la disposition de la communauté de l'immeuble quelque chose au service des autres. Certains versent une somme, d'autres entretiennent le jardin, d'autres s'occupent des enfants de ceux partis travailler, d'autres gèrent la cuisine et l'approvisionnement... Ceux qui travaillent sont entourés et soutenus à leur retour, peuvent prendre du temps pour leur famille, pour eux, pour réfléchir. Ceux qui n'ont pas trouvé de travail aident directement la petite communauté, par toutes les tâches quotidiennes qu'il faut mener pour vivre confortablement. Ils sont entourés, valorisés, conseillés et encouragés par leurs voisins. Les achats se font en groupe, qu'il s'agisse de prendre une mutuelle, d'acheter des provisions ou de payer les loyers. L'association à l'origine du projet a fait fournir par la ville le local désaffecté qu'ils occupent maintenant. C'est la seule contribution qui a été sollicitée. Ils l'ont rénové, remis aux normes, décoré, meublé tous ensembles. Chacun sait l'effort qu'a couté la construction, aussi chacun la respecte.


Il règne dans l'immeuble un esprit de concorde, car tous se connaissent, se respectent et s'entraident quotidiennement. C'est un terreau fertile pour la réinsertion professionnelle, mais aussi pour le développement personnel. L'homme a retrouvé son clan, n'est plus isolé dans sa propriété, n'est plus seul face à la société.


Si l'homme est un loup pour l'homme, c'est aussi parce qu'il a besoin de sa meute.

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